mardi 3 mai 2022

« La raison et la passion », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.

 


L’accord qui semblait sur le point d’intervenir entre les formations de gauche et écologiste serait, si c’est le cas, une nouvelle exceptionnelle et un grand souffle d’espoir pour les salariés, pour les plus modestes, pour l’environnement, pour le pays et la démocratie. On l’espère, on veut y croire. Les discussions ont duré plusieurs jours, elles ont parfois été tendues. Quoi de plus logique? Entre ralliement à la formation dominante – la France insoumise, forte du score de Jean-Luc Mélenchon – et volonté de construction collective, il fallait trouver le chemin. Les différences, voire les divergences sur telle ou telle perspective programmatique, n’ont pas disparu comme par enchantement. La question des candidatures et des sièges, dans le respect de l’influence de chaque formation, n’appelait pas de baguette magique mais des discussions serrées et légitimes.

On peut dire alors que cet accord, ce ne serait pas: «Embrassons-nous, Folleville», mais quil serait de raison. De raison, oui, mais entendons alors le mot dans le sens que lui donnait Hegel : «Il faut voir la raison comme la rose sur la croix de lexpérience.» L’expérience, c’est des années de division des forces de gauche et de progrès, d’attentes populaires déçues, de soumission aux idées de droite et d’extrême droite, d’abaissement du Parlement, d’arrogance du président sur fond de cadeaux aux plus riches.

La raison, ce n’est pas la raison sèche et calculatrice, l’esprit de boutique. Ce serait une nouvelle donne, ici et maintenant. Dès ce lundi, dans le parti d’Emmanuel Macron, on se mettait en devoir de répondre, sur la défensive, en accusant le PS et EELV de renier leurs valeurs. Chacun a très bien compris ce que voudrait dire Mélenchon, premier ministre. Imposer à Emmanuel Macron une cohabitation avec un gouvernement représentatif des formations de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. La majorité des Français la souhaitent. Le pouvoir prend l’hypothèse au sérieux. Il serait dur d’échouer maintenant. Qu’on nous pardonne de citer encore Hegel: «Rien de grand ne sest accompli dans le monde sans passion.»

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire