L’incarcération de l’avocat franco-palestinien en
Israël depuis le 7 mars mobilise les défenseurs des droits humains.
Plusieurs organisations demandent aux autorités françaises d’agir et en appellent
à la Cour pénale internationale.
Mesure arbitraire reconductible, sans inculpation ni procès, la détention administrative est fréquemment appliquée dans le contexte de l’apartheid israélien. Amnesty International, la Fidh, l’Acat, la CGT, la FSU, la CFDT, la Confédération paysanne, le Syndicat des avocats de France, l’Unef lancent un appel contre cet « enfer ». Spécialisé dans la défense des prisonniers politiques, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri vit sous cette menace constante de l’armée israélienne et de sa juridiction. Sa dernière arrestation, sous statut « administratif », date du 7 mars 2022. Il a subi ce même sort en 2017, puis a été libéré en 2018 avant d’être à nouveau arrêté le 30 juin 2020 et détenu durant une semaine. La traque est permanente. L’objectif des Israéliens est d’obtenir son expulsion de Jérusalem, où il est né et a toujours vécu.
Des années d’une vie en sursis
Les années de harcèlement, la suppression de sa
résidence à Jérusalem-Est, la séparation forcée de sa femme et de ses enfants
(son épouse est interdite de territoire israélien jusqu’en 2025), le risque
d’expulsion, une vie en sursis, en somme, font de son cas un « dangereux précédent pour l’escalade de l’occupation israélienne en matière de révocation de résidence et de détention administrative »¸ résume Sahar Francis, directrice générale de
l’association Addameer Prisoner Support and Human Rights. Sa persécution
prolongée « constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité au sens du statut de Rome de la CPI. Il est impératif que la CPI, les autres instances internationales
et les États interviennent immédiatement et exigent qu’Israël, en tant que puissance occupante, libère Salah et revienne sur sa
décision de révoquer sa résidence ».
« L’occupation ne se limite pas à nous tuer, nous détenir et nous déplacer. Elle persécute nos rêves et les assassine. ». Salah Hamouri
Devenu la référence d’un combat au long cours,
l’avocat et militant demande de son côté à la CPI d’accélérer l’enquête sur les
crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël, dont le
transfert forcé et l’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est. « Aujourd’hui, je me trouve à la croisée des chemins la plus difficile de ma vie, du
préjudice à l’exil, la détention sans charge et plus encore », déclare Salah
Hamouri. « L’occupation ne se limite pas à nous tuer, nous détenir et nous déplacer. Elle persécute nos rêves et les assassine. L’incertitude quant à l’endroit où je pourrais finir,
une fois libéré, est une tornade de pensées qui me poursuivent quotidiennement.
Elle affecte mon moral, et mon état psychologique est comme des montagnes
russes. »
Que fait la France ? Les diplomates disent privilégier « la discrétion », explique Elsa Lefort, épouse de Salah Hamouri. Les
communiqués ne stipulent pas « l’exigence de libération », précise-t-elle.
Elle reste dans tous les cas convaincue que la solution est entre les mains du
président. Plus de 500 Palestiniens sont actuellement en détention
administrative. Le recours par les Israéliens à cette pratique est un coup
porté en continu à la société civile palestinienne. La machine d’une guerre
sournoise, entre les bombardements cycliques et les phases d’expansion
coloniale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire