jeudi 3 mars 2022

Guerre en Ukraine. Fabien Roussel : « la solution n’est pas militaire »

 


Le candidat communiste à la présidentielle a plaidé, ce jeudi lors d’une conférence de presse, pour «tout mettre en œuvre», quitte à «durcir les sanctions», afin d’«isoler le dirigeant Poutine» et «le forcer à venir sasseoir à la table des négociations». Il a également mis sur la table des propositions pour préserver le pouvoir dachat des Français.

Julia Hamlaoui

Dans une campagne présidentielle bousculée par la guerre en Ukraine, le candidat communiste, Fabien Roussel, a appelé à des «sanctions fermes et fortes» pour contraindre le président Russe à la négociation, dont le préalable ne peut être quun cessez-le-feu. Alors que Vladimir Poutine a affirmé jeudi, lors d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, «sa très grande détermination» à poursuivre son offensive, dont le but est «de prendre le contrôle» de tout le pays, selon l’Élysée, Fabien Roussel a mis en garde contre le piège de l’escalade.

«La France a une voix originale à porter pour affirmer que la solution nest pas militaire», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse spécialement convoquée. Et ce quitte à «durcir les sanctions politiques, diplomatiques et économiques» déjà prises, notamment en réquisitionnant les avoirs des oligarques russes, et «jusqu’à prendre le risque de ne plus s’approvisionner en gaz russe», afin de «ne pas inscrire cette guerre dans un temps long». «Il faut tout mettre en œuvre, a insisté le député du Nord, pour dun côté apporter la solidarité au peuple ukrainien et de lautre obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible et empêcher l’embrasement du conflit, l’escalade guerrière à l’échelle de l’Europe et de l’Otan».

Ainsi, pour le candidat, «lobjectif doit être disoler le dirigeant Poutine pour le forcer à venir sasseoir à la table des négociations» après son offensive, «acte sans précédent à l’échelle de ce XXIe siècle». Le tout «le plus rapidement possible», au moins dans la perspective «dun cessez-le-feu humanitaire permettant aux civils de partir». Le vote de la résolution de l’ONU est ainsi jugé comme un «signe positif» qui montre «à quel point (le président russe) est isolé». Lenjeu est d’éviter, a souligné le candidat, de se trouver pour la «première fois dans une situation daffrontement entre des pays qui détiennent l’arme nucléaire» car «par le jeu complexe des alliances, comme disait Jean Jaurès en 1914, lescalade guerrière et militaire peut vite se mettre en route et devenir incontrôlable» et «le risque de 3 e guerre mondiale est réel».

Au lendemain de l’allocution d'Emmanuel Macron annonçant la tenue la semaine prochaine à Versailles d’un sommet des chefs d’État pour que «la défense européenne franchise une nouvelle étape», c’est une tout autre logique qu’a défendue Fabien Roussel. «Je souhaite que la France demain, avec une nouvelle majorité et un nouveau président de la République, œuvre de toutes ses forces pour une Europe de la paix garantissant la sécurité collective de tous sur le continent», a-t-il indiqué, jugeant nécessaire «une nouvelle alliance impliquant l’ensemble des pays d’Europe» selon les principes à «actualiser» du Traité de Paris de 1990, plutôt quune augmentation des dépenses militaires qui «rendrait cette poudrière encore plus forte».

Quant à la situation des réfugiés, le député du Nord estime que «lensemble des pays de lUnion européenne ont la responsabilité de faire vivre le droit dasile». «Certains défendent à droite et à lextrême droite le principe dune Europe forteresse avec des murs et des barbelés pour empêcher les réfugiés d’y entrer, on voit les limites de leur discours. Comme si aujourd’hui il était possible de trier les réfugiés en fonction des guerres et des pays où elles se déroulent», a-t-il fustigé en référence aux conflits en Syrie, en Afghanistan ou au Yémen. Il a également annoncé que son parti prendrait «sa part» dans la solidarité, notamment en mettant en relation via son site internet des volontaires pour accueillir des familles avec des associations.

Enfin, alors que le pouvoir d’achat des Français risque de pâtir de l’inflation liée au conflit, le prétendant à l’Élysée plaide pour «mettre les moyens» afin dassurer «notre souveraineté énergétique, alimentaire, sanitaire et industrielle» et «sortir les produits essentiels des logiques spéculatives et de profit». Il a également mis des propositions concrètes sur la table: bloquer immédiatement les prix des matières premières sur lesquelles est envisagée une forte inflation, obtenir lengagement des banques de maintenir des taux réduits pour les prêts en plus de celui de la Banque centrale européenne de prêter directement aux États à taux négatifs pour maintenir les politiques d’investissement, baisser les taxes sur l’énergie et augmenter les salaires et les retraites. «Imaginez le scandale, a-t-il invité, si on se retrouve dans un an et que vous appreniez alors que ces importateurs de pétroles, de gaz, de céréales affichent des bénéfices records comme nous le vivons cette année avec les multinationales qui pendant la pandémie ont gagné de l’argent.»

 

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