La déclaration de candidature d’Emmanuel Macron devait
faire entrer la campagne électorale dans le vif du sujet. Malheureusement, à 35
jours seulement du premier tour, tous ceux qui rêvaient (enfin) d’une
confrontation d’idées, approfondie et éclairante, risquent d’en être pour leurs
frais. Comme on pouvait le redouter, les premiers pas du président sortant dans
cette élection confirment qu’il a opté pour une stratégie aussi frustrante
qu’antidémocratique : celle de l’évitement. Une lettre aux Français publiée jeudi dans la presse régionale, une mini-série stylisée
consacrée à sa modeste personne égrainée chaque vendredi sur YouTube… C’est
désormais une certitude : le candidat jupitérien, invoquant la situation en Ukraine, ne se risquera pas à descendre dans l’arène politique nationale. Pas de
confrontation directe avec ses opposants. Pas d’analyse de son bilan. Il sera
l’« homme d’État » au-dessus de la mêlée. Ni gauche, ni droite, ni débat.
Cette manière d’avancer masqué, où la communication
prend le pas sur le fond, est un bon résumé de la manière dont Emmanuel Macron
exerce le pouvoir depuis cinq ans. Vertical et solitaire, davantage axé sur son
image que sur ses propositions. Sans surprise : dans leur motivation, les futurs électeurs
macronistes placent ainsi en tête la « confiance personnelle » qu’ils éprouvent vis-à-vis du personnage (55 %), bien
avant la « proximité idéologique » (32 %). L’apparence l’emporte sur le projet. Le chef de l’État le sait. Il se met en scène, joue de la posture du protecteur « bienveillant », enchaîne les discours creux en fuyant toute contradiction.
Et tout contradicteur.
Cette stratégie tue la démocratie à petit feu. Et
prolonge cette République sans le peuple que le chef de l’État échafaude depuis
cinq ans. Elle sert également, ne l’oublions pas, un agenda libéral
– réforme des retraites, de la fonction publique… – d’autant plus
redoutable qu’il est dissimulé au regard des citoyens. Une campagne présidentielle
digne de ce nom ne peut se satisfaire de ce jeu de cache-cache où le
protagoniste tait sa propre idéologie pour mieux l’imposer.
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