mardi 15 février 2022

« La faute de Valérie Pécresse », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Il y a désormais trois candidats d’extrême droite autour de 15 % dans les sondages. La sortie de Valérie Pécresse sur le «grand remplacement» lui a fait, ipso facto, quitter le camp de la droite républicaine. Prétendre, comme elle le fait maintenant, que sa phrase visait à dire linverse de ce quelle a vraiment dit, c’est nous prendre pour des imbéciles. D’autant plus que dans le même discours elle affirme «vouloir des Français de cœur et pas de papiers». Pas besoin d’une analyse sémantique pour comprendre que la candidate LR n’est pas victime d’un procès d’intention.

Elle a choisi son terrain pour mener campagne­. Celui du pire. La fumisterie du «grand remplacement» est dangereuse et même mortelle, comme l’a prouvé la tuerie de Christchurch. En la validant Valérie Pécresse fait sauter toutes les digues. Elle démontre que la ligne Ciotti d’une alliance LR, RN, Zemmour a pris le pouvoir à droite. Et Macron s’en frotte les mains. Dans son pari de second tour «moi ou lextrême droite», il peut maintenant inclure la candidate LR. Une stratégie à haut risque tant la banalisation médiatique des idées dextrême droite et la détestation du président des riches pourraient entraîner une catastrophe. Cest le calcul de Pécresse: arriver en tête des extrêmes droites et rafler la mise.

Pour les démocrates, l’enjeu prioritaire ­devrait être de sortir le débat politique du marigot pestilentiel dans lequel il baigne. De le ramener sur des sujets comme l’emploi, le pouvoir d’achat, la santé, l’environnement, qui sont dans la vie des gens. De ce point de vue, la campagne de Fabien Roussel contribue à ramener le débat sur des terrains sains. Sa dynamique, certes modeste, mais réelle, prouve que l’on peut parler utilement d’autre chose que des obsessions «zemmouriennes». Cest lensemble du monde politique, à commencer par les forces de gauche, qui devrait s’en réjouir et saisir la balle au bond pour quitter le monde du «bullshit» et ramener le débat sur le terrain des idées. 

 

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