jeudi 6 janvier 2022

« Le retour du mépris », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Qu’il est loin ce 15 décembre 2021… Cette interview fleuve où le chef de l’État, dans un exercice de contrition, regrettait des « mots qui ont pu blesser ». Et assurait à ses interlocuteurs qu’ « on ne fait rien bouger si on n’est pas pétri d’un respect infini pour chacun ». Trois semaines plus tard, les sirupeuses résolutions de fin d’année se sont déjà envolées. Le versatile Emmanuel Macron, dans les starting-blocks présidentiels, revient au registre qu’il maîtrise le mieux : celui du clivage et du mépris. L’interview accordée au Parisien où il fait part de son envie « d’emmerder les non-vaccinés » – soit 10 % des Français – est un modèle du genre. Où, une fois encore, la difficile gestion de la crise sanitaire se retrouve otage des calculs d’un président en précampagne.

Avec cette saillie, ce ne sont pas les non-vaccinés qu’Emmanuel Macron veut surtout « emmerder ». Mais bien ses futurs adversaires dans la course aux élections. En abordant aussi frontalement le sujet, le chef de l’État oblige ses opposants, et notamment « Les Républicains », à s’offusquer de la forme, les poussant à rejoindre, dans les mots du moins, le camp des antivax purs et durs… Une manœuvre pleine de cynisme dont on peut redouter les conséquences. Pour réussir, une campagne vaccinale, quelle qu’elle soit, repose sur la confiance, base du consentement. Or, soyons-en sûr, le choc du mot « emmerder » ne va faire que scléroser les doutes, la rancœur et le complotisme des derniers réfractaires. Et contrarier, une nouvelle fois, le travail de conviction nécessaire pour élargir, autant que possible, l’indispensable couverture vaccinale.

Au-delà des coups de com sur la promotion d’une vision punitive et coercitive de la vaccination, le président, garant de l’unité de la Nation, ferait mieux de s’atteler avec la même gourmandise à favoriser l’accès à ce soin essentiel. Sept millions de Français vivent aujourd’hui dans des déserts médicaux. Et quelque 4 milliards de non-vaccinés, attendent toujours que les multinationales pharmaceutiques acceptent une levée des brevets. Levée des brevets qu’Emmanuel Macron ne s’est jamais « emmerdé » à demander…

 

1 commentaire:

  1. THE SHOW MUST GO ON !!! Il peut tout se permettre en matière de mépris il est sûr de refaire un mandat. Ce gouvernement a eu recours au modèle de l'état d'urgence de 1955. Il ne faudrait pas que les dispositions adoptées en quelques jours deviennent des mesures de droit commun, ni que les citoyens s'habituent à un contrôle démesuré de l'Etat et de sa police sur nos déplacements. Par ailleurs il n'a jamais œuvré pour que le vaccin soit à la portée des 4 milliards de personnes qui ne seront jamais vaccinées. Au contraire il nous prévoit des 4e 5e etc.. rappels pour engraisser les multinationales US et d'ailleurs.

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