jeudi 3 juin 2021

Réédition de « Mein Kampf » : ce qui est écrit dans le brûlot d’Hitler (Article de Maurice Ulrich.

 


Sous le titre Historiciser le mal, les éditions Fayard publient une édition critique du livre écrit par Hitler en 1925. Il y expose son objectif d’un État raciste et violent fondé sur un antisémitisme abject et la haine du marxisme, sa volonté d’anéantissement de la France et d’expansion vers l’Est.

La publication d’une édition critique de Mein Kampf, établie par un comité d’historiens, fera sans doute l’objet de points de vue contradictoires. Il convient toutefois de préciser que n’importe qui pouvait jusqu’alors se procurer le livre près de maisons d’édition d’extrême droite ou en quelques clics sur Internet, et que les bénéfices de la vente, uniquement sur commande, seront intégralement reversés à la fondation Auschwitz-Birkenau ayant pour but la préservation du site témoin de la plus grande entreprise d’asservissement et d’extermination de masse de l’histoire.

C’est dans ces conditions que nous avons souhaité donner ici aux lecteurs de l’Humanité un aperçu du projet politique hitlérien, tel qu’il était déjà annoncé dans ce livre, dont on peut rappeler qu’il était offert aux couples allemands pour leur mariage.

Il voit des juifs partout

De ses années de jeunesse à Vienne, des années « d’études et de souffrance », selon ses termes, Hitler tire une conclusion face « aux tableaux du malheur et du désespoir, de l’ordure et de la dépravation » résultant de « tristes lois ». Nous sommes en 1925, le dirigeant du parti nazi veut alors « établir des bases meilleures de notre développement en s’inspirant d’un profond sentiment de responsabilité sociale. Anéantir avec une décision brutale les rejetons non améliorables ».

Dès les premières pages de Mein Kampf, donc, censées évoquer son parcours, c’est d’un projet politique qu’il s’agit. Depuis Vienne, écrit-il, il a beaucoup « appris » sur les juifs. Une fois que son attention a été attirée sur eux, il en voit partout, qu’il distingue nettement des autres hommes. Il pénètre leur mystère : « Était-il une saleté quelconque, une infamie sous quelque forme que ce fût, surtout dans la vie sociale, à laquelle un juif n’avait pas participée (…) c’était une peste, une peste morale, pire que la peste noire de jadis…  »

Propagande et manipulation

À l’époque, les juifs en Allemagne sont moins de 600 000. Ils représentent au plus 0,8 % de la population. L’antisémitisme d’Hitler est forcené, mais c’est un instrument de propagande et de manipulation. Car, avec les juifs, il y a le marxisme : « Si le juif, à l’aide de sa profession de foi marxiste, remporte la victoire sur les peuples de ce monde, son diadème sera la couronne mortuaire de l’humanité », tandis que le but définitif du marxisme  « est et reste la destruction de tous les États nationaux non juifs ».

Dans ces conditions, « l’arme de la force brutale, utilisée avec opiniâtreté et d’une façon impitoyable, peut amener la décision en faveur du parti qu’elle soutient ». Le danger menace : « Le besoin de justice sociale qui sommeille dans le cœur d’un Aryen, le juif l’excite habilement jusqu’à ce qu’il se change en haine contre ceux qui jouissent d’un sort plus heureux, et il donne un aspect philosophique précis au combat livré contre les maux sociaux. Il jette les bases de la doctrine marxiste. »

Hitler veut imposer “l’impossibilité pour des avariés de reproduire des descendants avariés”, arriver à “l’impitoyable isolement des incurables”...

Mais il ne s’en tient pas là : « Le jeune juif aux cheveux noirs épie, pendant des heures, le visage illuminé d’une joie satanique, la jeune fille inconsciente du danger, qu’il souille de son sang et ravit ainsi au peuple dont elle sort. » La menace pèse aussi sur la race. Il faut « éliminer les ordures de l’empestement moral », faire que « le droit à la liberté individuelle le cède devant le devoir de sauvegarder la race », imposer « l’impossibilité pour des avariés de reproduire des descendants avariés », arriver à « l’impitoyable isolement des incurables »

C’est déjà un programme pour ce que le futur Führer appelle clairement « l’État raciste »« La nation allemande ne pourra plus s’élever de nouveau si l’on n’envisage pas résolument le problème de la race et par suite, la question juive », alors que «  la condition préalable mise à l’existence durable d’une humanité supérieure n’est donc pas l’État mais la race qui possède les facultés requises ».

La France, « ennemi mortel »

Qu’en est-il, en sautant quelques étapes très élaborées sur le rôle de la propagande et du chef, des objectifs à l’extérieur ?  « L’ennemi mortel, l’ennemi impitoyable du peuple allemand est et reste la France », avec un rôle très particulier : « Pour que les troupes marxistes qui mènent le combat au profit du capital juif international puissent définitivement casser les reins à l’État national allemand, elles ont besoin d’un concours amical venu du dehors. Aussi les armées de la France doivent donner des coups de boutoir à l’État allemand jusqu’à ce que le Reich, ébranlé dans ses fondations, succombe aux attaques des troupes bolcheviques au service de la finance juive internationale. » 

Le peuple français, lui, « tombe de plus en plus au niveau des nègres » et met sourdement en danger, par l’appui qu’il prête aux juifs pour atteindre leur but de domination universelle, « l’existence de la race blanche en Europe » et, en même temps, « l’anéantissement de la France » est un moyen « de donner à notre peuple, sur un autre théâtre, toute l’extension dont il est capable ». L’autre « théâtre », c’est l’Est et la Russie qui donneront à l’Allemagne « la grandeur territoriale qui lui fait défaut ».

Destructions sans nombre

Conclusion : « Un État qui, à une époque de contamination des races, veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne doit devenir un jour le maître de la Terre. »

Vingt ans plus tard, 6 millions d’hommes, femmes et enfants systématiquement exterminés, plus de 70 millions de morts, des destructions sans nombre, l’Allemagne elle-même en ruines.

 

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