Sous le titre Historiciser le mal, les éditions Fayard publient une édition critique du livre écrit par Hitler en 1925. Il y expose son objectif d’un État raciste et violent fondé sur un antisémitisme abject et la haine du marxisme, sa volonté d’anéantissement de la France et d’expansion vers l’Est.
La publication d’une édition critique de Mein Kampf, établie
par un comité d’historiens, fera sans doute l’objet de points de vue
contradictoires. Il convient toutefois de préciser que n’importe qui pouvait
jusqu’alors se procurer le livre près de maisons d’édition d’extrême droite ou
en quelques clics sur Internet, et que les bénéfices de la vente, uniquement
sur commande, seront intégralement reversés à la fondation Auschwitz-Birkenau
ayant pour but la préservation du site témoin de la plus grande entreprise
d’asservissement et d’extermination de masse de l’histoire.
C’est dans ces conditions que nous avons souhaité donner ici aux lecteurs
de l’Humanité un aperçu du projet politique hitlérien, tel
qu’il était déjà annoncé dans ce livre, dont on peut rappeler qu’il était
offert aux couples allemands pour leur mariage.
Il voit des juifs partout
De ses années de jeunesse à Vienne, des années « d’études et de
souffrance », selon ses termes, Hitler tire une conclusion face « aux
tableaux du malheur et du désespoir, de l’ordure et de la dépravation » résultant
de « tristes lois ». Nous sommes en 1925, le dirigeant du parti
nazi veut alors « établir des bases meilleures de notre développement
en s’inspirant d’un profond sentiment de responsabilité sociale. Anéantir avec
une décision brutale les rejetons non améliorables ».
Dès les premières pages de Mein Kampf, donc, censées
évoquer son parcours, c’est d’un projet politique qu’il s’agit. Depuis Vienne,
écrit-il, il a beaucoup « appris » sur les juifs. Une
fois que son attention a été attirée sur eux, il en voit partout, qu’il
distingue nettement des autres hommes. Il pénètre leur mystère : « Était-il
une saleté quelconque, une infamie sous quelque forme que ce fût, surtout dans
la vie sociale, à laquelle un juif n’avait pas participée (…) c’était une
peste, une peste morale, pire que la peste noire de jadis… »
Propagande et manipulation
À l’époque, les juifs en Allemagne sont moins de 600 000. Ils représentent
au plus 0,8 % de la population. L’antisémitisme d’Hitler est forcené, mais
c’est un instrument de propagande et de manipulation. Car, avec les juifs, il y
a le marxisme : « Si le juif, à l’aide de sa profession de foi
marxiste, remporte la victoire sur les peuples de ce monde, son diadème sera la
couronne mortuaire de l’humanité », tandis que le but définitif du marxisme « est
et reste la destruction de tous les États nationaux non juifs ».
Dans ces conditions, « l’arme de la force brutale, utilisée avec
opiniâtreté et d’une façon impitoyable, peut amener la décision en faveur du
parti qu’elle soutient ». Le danger menace : « Le besoin de justice
sociale qui sommeille dans le cœur d’un Aryen, le juif l’excite habilement
jusqu’à ce qu’il se change en haine contre ceux qui jouissent d’un sort plus
heureux, et il donne un aspect philosophique précis au combat livré contre les
maux sociaux. Il jette les bases de la doctrine marxiste. »
Hitler veut imposer “l’impossibilité pour des avariés de reproduire des
descendants avariés”, arriver à “l’impitoyable isolement des incurables”...
Mais il ne s’en tient pas là : « Le jeune juif aux cheveux noirs
épie, pendant des heures, le visage illuminé d’une joie satanique, la jeune
fille inconsciente du danger, qu’il souille de son sang et ravit ainsi au
peuple dont elle sort. » La menace pèse aussi sur la race. Il
faut « éliminer les ordures de l’empestement moral », faire
que « le droit à la liberté individuelle le cède devant le devoir de
sauvegarder la race », imposer « l’impossibilité pour des avariés
de reproduire des descendants avariés », arriver à « l’impitoyable
isolement des incurables »…
C’est déjà un programme pour ce que le futur Führer appelle
clairement « l’État raciste ». « La nation allemande ne
pourra plus s’élever de nouveau si l’on n’envisage pas résolument le problème
de la race et par suite, la question juive », alors que « la
condition préalable mise à l’existence durable d’une humanité supérieure n’est
donc pas l’État mais la race qui possède les facultés requises ».
La France, « ennemi mortel »
Qu’en est-il, en sautant quelques étapes très élaborées sur le rôle de la
propagande et du chef, des objectifs à l’extérieur ? « L’ennemi
mortel, l’ennemi impitoyable du peuple allemand est et reste la France »,
avec un rôle très particulier : « Pour que les troupes marxistes qui
mènent le combat au profit du capital juif international puissent
définitivement casser les reins à l’État national allemand, elles ont besoin
d’un concours amical venu du dehors. Aussi les armées de la France doivent
donner des coups de boutoir à l’État allemand jusqu’à ce que le Reich, ébranlé
dans ses fondations, succombe aux attaques des troupes bolcheviques au service
de la finance juive internationale. »
Le peuple français, lui, « tombe de plus en plus au niveau des
nègres » et met sourdement en danger, par l’appui qu’il prête aux juifs
pour atteindre leur but de domination universelle, « l’existence de la
race blanche en Europe » et, en même temps, « l’anéantissement
de la France » est un moyen « de donner à notre peuple, sur un
autre théâtre, toute l’extension dont il est capable ». L’autre
« théâtre », c’est l’Est et la Russie qui donneront à l’Allemagne « la
grandeur territoriale qui lui fait défaut ».
Destructions sans nombre
Conclusion : « Un État qui, à une époque de contamination des
races, veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne
doit devenir un jour le maître de la Terre. »
Vingt ans plus tard,
6 millions d’hommes, femmes et enfants systématiquement exterminés, plus
de 70 millions de morts, des destructions sans nombre, l’Allemagne elle-même en
ruines.
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