Les affrontements en
cours autour de la mosquée al-Aqsa pour protester contre l’occupation ont fait
une nouvelle fois des centaines de blessés parmi la population civile. Le
dirigeant communiste Ayman Odeh est venu soutenir les manifestants.
En ce « jour de Jérusalem », lundi 10 mai, les autorités israéliennes
espéraient célébrer la date commémorative de la conquête et l’annexion de la
part orientale de la ville, à la faveur de la guerre de 1967. À défaut de
« réunification » acceptée officiellement par les États-Unis de Donald Trump
suivis par une poignée de ses affidés, et tolérée officieusement par quelques
pays arabes versant des larmes de crocodile sur la Palestine, la ville « trois
fois sainte » a encore été le théâtre d’une violente répression orchestrée par
les forces de sécurité israéliennes.
Des centaines de blessés ont une nouvelle fois été recensés dans les rangs
civils palestiniens, à l’issue d’affrontements, jusque dans l’enceinte de la
mosquée al-Aqsa, à jets de pierre contre gaz lacrymogène, balles en caoutchouc,
répression aveugle et détentions arbitraires. Alors qu’une réunion du Conseil
de sécurité de l’ONU était prévue en fin de journée, à la demande de la
Tunisie, le premier ministre Benyamin Netanyahou a, sans surprise, salué la
« fermeté » des forces de répression, soutenues « dans cette cause juste » pour
garantir la « stabilité » à Jérusalem. De son côté, l’Autorité palestinienne de
Mahmoud Abbas a dénoncé une « agression barbare », tandis que le Hamas
avertissait que le mouvement islamiste ne « restera pas les bras croisés »,
tout en brandissant la menace d’une « escalade militaire » en cas de
non-retrait des soldats israéliens.
Ces affrontements « font désormais peser le risque d’une escalade »
Pour mémoire, il s’agit des heurts les plus violents survenus depuis 2017
sur l’esplanade des Mosquées, une colère attisée par la poursuite de la
politique de colonisation d’Israël et le sort des familles palestiniennes du
quartier de Sheikh Jarrah, menacées d’expulsion au profit de colons juifs. Une
audience de la Cour suprême israélienne qui devait se tenir ce lundi dans cette
affaire a été reportée sine die. En dépit du changement d’administration aux
États-Unis, le département d’État s’est contenté de renvoyer dos à dos les deux
camps en appelant « Israéliens et Palestiniens » à « mettre
un terme à la violence », tout en exprimant son « inquiétude » quant
à « l’expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh
Jarrah ». Même blanc-seing implicite à réprimer mais dans le « calme » et
la « retenue » du côté de l’Union européenne, mais aussi des
Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc et du Soudan, quatre pays ayant
normalisé leur relations avec Israël ces derniers mois, en dépit d’opinions
publiques farouchement attachées à la cause palestinienne et hostiles au
processus ininterrompu de colonisation. Ces affrontements « font
désormais peser le risque d’une escalade de grande ampleur », a tout
de même concédé le ministère français des Affaires étrangères.
« Israël doit cesser d’attaquer les Palestiniens à Jérusalem et
empêcher les occupants et les colons d’entrer dans la sainte Mosquée
d’al-Aqsa », a pour sa part indiqué la présidence de la Turquie,
parrain politique des Frères musulmans dont est issu le Hamas, et
appelant « le monde à agir pour mettre fin à cette agression
israélienne interminable contre des civils non armés sur leur propre terre ». Le
président Recep Tayyip Erdogan, coutumier de l’instrumentalisation de la cause
palestinienne et furieux du rapprochement militaire en cours entre Tel-Aviv et
Athènes, qualifiait pour sa part Israël d’État « terroriste
cruel ». En l’absence de pressions internationales significatives, la
répression des forces de sécurité pourrait encore s’accentuer dans les jours à
venir, alors que la crise politique interne s’aggrave à mesure que Jérusalem
s’embrase. Les élections législatives qui devaient avoir lieu le 22 mai
dans les territoires palestiniens ont été annulées par le président Mahmoud
Abbas, durcissant encore la lutte entre le Fatah et le Hamas. Seuls ou presque,
les manifestants palestiniens ont cependant reçu le précieux soutien de la
Liste unifiée, réunissant partis arabes et israéliens progressistes : « L’essentiel,
c’est qu’il y a une occupation. Tant qu’elle durera, il y aura de la
résistance. Celui qui souhaite la paix et la sécurité doit se considérer comme
faisant partie de la juste cause des Palestiniens de Jérusalem-Est », a
déclaré le communiste Ayman Odeh, venu soutenir les manifestants à Sheikh
Jarrah.
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