L’émergence de plusieurs souches mutantes du virus
pousse la recherche à viser le long terme sur la vaccination, comme sur la
stratégie à adopter face au développement de ces variants.
Le catalogue vaccinal contre le Covid-19
va bientôt s’étoffer. En plus des sérums de Pfizer et BioNTech, de Moderna et
d’AstraZeneca déjà homologués dans l’Union européenne, deux autres vaccins,
développés par les laboratoires américains Johnson & Johnson et
Novavax, ne devraient pas tarder à soumettre une demande d’autorisation à
l’Agence européenne des médicaments (EMA), après l’annonce de résultats
satisfaisants en termes d’efficacité. La communauté scientifique continue
toutefois de se questionner pour penser les contours d’une stratégie vaccinale
de long terme. Efficacité sur la transmission du virus et face à ses variants,
durée de la protection… de nombreuses inconnues demeurent.
Lors d’une conférence de presse organisée
par l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, une agence tout juste créée le
1 er janvier,
des chercheurs et chercheuses ont apporté leur éclairage sur certaines
problématiques vaccinales. Face aux variants, « il va falloir
considérer que chaque classe de vaccin apportera une réponse différente », a
souligné Brigitte Autran, professeure d’immunologie et membre du comité
scientifique sur les vaccins. En fonction des réponses immunitaires provoquées
et de leur efficacité face aux mutants, plusieurs stratégies pourraient être
adoptées. Cela pourrait prendre la forme de l’administration d’une troisième
dose, ou d’un « rappel », afin de multiplier les anticorps. Ou bien « il
pourrait falloir remplacer les vaccins, comme on le fait chaque année pour la
grippe », a exposé l’immunologue. Certains laboratoires ont d’ores et
déjà annoncé vouloir produire des variations de leurs sérums capables de
contrer efficacement les variants.
Une hypothèse allume cependant une lueur
d’espoir : celle selon laquelle le virus aurait une capacité d’évolution restreinte,
qui se concentrerait à un seul endroit. « Ce serait une bonne
nouvelle, selon Marie-Paule Kieny, vaccinologue et présidente du
comité scientifique sur les vaccins, car on pourrait alors se protéger
de tous les variants à l’aide de quelques formules vaccinales seulement. »
« On espère également lancer une étude sur le vaccin Pfizer »
En attendant d’en savoir plus, « plusieurs
études sur la réponse immunitaire aux vaccins, en particulier sur les personnes
âgées », vont d’ores et déjà être lancées en France, a rappelé Odile
Launay, coordinatrice de Covireivac, plateforme d’investigation clinique de
l’Inserm. L’une d’entre elles doit démarrer « la semaine prochaine ». Elle
concerne le vaccin Moderna et inclura « 120 sujets de plus de
65 ans et 80 entre 18 et 25 ans », a précisé
l’infectiologue. « Au milieu du mois de février, on espère également
lancer une étude sur le vaccin Pfizer pour déterminer si on peut vacciner avec
une seule dose seulement les patients déjà atteints de la maladie », a-t-elle
ajouté. Les essais pourraient être déterminants pour les suites de la campagne
de vaccination. Dans tous les cas, l’idée est d’essayer de « vacciner
vite pour que le plus de personnes possible soient immunisées », rappelle
Marie-Paule Kieny. Lo. S.
Castex réaffirme sa stratégie
Toujours
pas de reconfinement en vue, même si la situation « reste fragile », a
réexpliqué jeudi Jean Castex lors d’une conférence de presse, au cours de
laquelle il a tenté de rassurer, chiffres à l’appui. Ainsi, 1,5 million de
Français ont été vaccinés au mois de janvier. « 500 000 rendez-vous
supplémentaires pour de premières injections à la fin du mois de février vont
être ouverts » à compter de vendredi 5 février et 1,7 million seront
proposés « dans les prochains jours » pour le mois de mars, a annoncé le
premier ministre. Nouvellement homologué au sein de l’Union européenne, le
vaccin AstraZeneca « va permettre d’accélérer le rythme » de la campagne et
d’atteindre « l’objectif de 4 millions de primo-injections » à la fin
du mois. « Les premières vaccinations devraient commencer dès ce samedi
6 février », a promis Jean Castex. Le ministre de la Santé, Olivier Véran,
a enfin annoncé attendre « sous 10 jours » l’avis de la Haute Autorité de santé
sur l’utilisation de « techniques nouvelles de prélèvements salivaires ». Le
gouvernement aimerait pouvoir les déployer « au retour des vacances scolaires »
et cibler « en priorité les enfants ».
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