Malgré leur fermeture, nombre de musées se sont
adaptés en proposant des visites virtuelles. Aperçus à la Fondation Giacometti,
au Centre Pompidou-Metz et au musée Malraux du Havre.
On le sait peu, mais on ne saurait en être
surpris. Devenus amis en 1937, Alberto Giacometti et Samuel Beckett ont partagé
après-guerre nombre de soirées et de promenades dans Paris la nuit. Ils ont
sensiblement le même âge, le sculpteur de l’Homme qui marche est
né en 1901, l’auteur de Molloy et En attendant Godot en
1906 et sans doute ont-ils en commun une sorte d’inquiétude existentielle que
la guerre, l’occupation, la découverte des camps de la mort vont exacerber.
Dialogue entre Beckett et Giacometti
Alors que Beckett, qui a été résistant,
réduit son langage romanesque à une sorte d’affleurement, au murmure de ce qui
tente de se dire, Giacometti qui, pendant la guerre et, alors qu’il est
réfugié, en a réduit la taille de ses sculptures jusqu’à les faire tenir dans
une boîte d’allumettes, tente de son côté de rendre à la figure humaine sa
stature verticale, de lui réapprendre en quelque sorte à marcher. C’est cette
amitié, et cette sorte de dialogue à partir de deux œuvres aussi singulières
que la Fondation Giacometti a voulu rendre sensible avec une exposition («
Rater encore. Rater mieux ») accompagnée de plusieurs autres expressions.
Fermé, l’institut propose sur
Instagram de nombreuses photos des œuvres et
documents exposés, mais aussi une pièce radiophonique de Beckett, Words
and Music. Le texte en est dit par le comédien Johan Leysen avec une
musique de Pedro Garcia-Velasquez, jouée par des instruments robots.
À noter que l’institut avait également
programmé à partir du 4 février au musée de l’Armée une expo des bustes et
portraits d’Henri Rol-Tanguy réalisés par Giacometti. À la libération de Paris,
proche du PCF, il avait ainsi rendu hommage avec une cinquantaine d’œuvres, à
celui qui avait dirigé l’insurrection de la capitale. L’expo étant prévue
jusqu’au 6 juin, on peut donc espérer qu’elle sera d’ici là accessible.
Chagall, « le passeur de lumière »
Il fallait bien qu’un jour le Centre
Pompidou-Metz, y aille de son exposition Chagall, ne serait-ce que parce que ce
dernier est l’auteur de nombre des vitraux de la cathédrale toute proche où là,
on peut les voir. On ira sinon sur le site du Centre pour suivre pendant une
vingtaine de minutes un parcours commenté par la commissaire de
l’exposition, intitulée « Le passeur de lumière », Elia Biezunski. Disons-le d’emblée, c’est une
occasion, non pas de redécouvrir Chagall, mais en quelque sorte de se
ressourcer dans son œuvre. Il est vrai que l’on a parfois devant ses peintures
postérieures aux années 1920 un sentiment de répétition. Mais ici, c’est la foi
qui lui redonne de la force, et de la fraîcheur au regard. La foi bien sûr au sens
religieux, mais aussi une foi en l’homme qui vit à travers ses scènes de
foules, avec là aussi le souvenir de l’extermination, sa foi dans la création
avec ses fleurs et ses animaux. C’est une explosion de couleurs et de formes.
(Prévue jusqu’au 15 mars.)
Dans un tout autre registre, avec un
commentaire de Bernard Blistène, le directeur de la maison mère, le Centre
propose également un aperçu bref mais très pertinent d’une autre de ses
expositions en cours avec un choix de sculptures de la collection de Paris.
Soit tout de même les œuvres d’une cinquantaine d’artistes déployant la
diversité des chemins de la sculpture moderne et contemporaine avec ses plus
grands noms. (Prévue jusqu’au 23 août.)
« Voyages d’hiver » au MuMa
Habitué aux tempêtes, installé qu’il est sur le port
et piloté fermement par sa conservatrice, Annette Haudiquet, le musée Malraux
du Havre ne désarme pas et propose une visite virtuelle dans sa collection, avec une cinquantaine de tableaux sur le thème
« Voyages d’hiver » autour de quatre œuvres nouvellement entrées au musée grâce
à des donations privées, soit des tableaux de Guilloux, Dufy, Renoir et
Marquet, ce dernier étant remarquable ( Herblay. Automne. Le
Remorqueur, 1919). La première partie de l’exposition s’articule
autour de l’arrivée de l’œuvre de Raoul Dufy, le Clocher de l’église
d’Harfleur (vers 1901-1903), une œuvre de jeunesse qui rejoint
plusieurs toiles acquises ces dix dernières années. Charles Guilloux (1866-1946),
artiste autodidacte, a été redécouvert il y a quelques années seulement avec
l’entrée de deux de ses œuvres au musée d’Orsay. Il s’est presque exclusivement
consacré au paysage avec ici une magnifique vue nocturne en campagne, Lever
de lune, vieille route de Tréduder, 1898. Enfin, Tête d’enfant et
pomme, une petite esquisse non datée est la 7 e œuvre
de Renoir à entrer dans les collections du MuMa. (Prévue jusqu’au
18 avril.)
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