La justice doit retoquer ce lundi l’autorisation
d’ouverture de quatre musées à Perpignan, décidée par le maire RN Louis Aliot.
Un coup politique, en pleine pandémie, qui masque mal le véritable projet
culturel du RN.
Les Perpignanais sont au rendez-vous,
depuis mardi 9 février, au musée d’art Hyacinthe-Rigaud. L’établissement,
supposé rester portes closes du fait de la pandémie, a été « autorisé » à
rouvrir, comme trois autres musées, par décision du maire Louis Aliot. Ses
arrêtés de réouverture, illégaux et en violation de l’état d’urgence sanitaire,
seront retoqués par la justice. Mais le temps que l’audience en référé ait lieu
ce lundi 15 février, la cité catalane aura été la seule commune de France
à ouvrir ses musées, durant une semaine, en ce mois de février. Offrant au
passage à l’édile RN (Rassemblement national) un sacré coup politique.
C’est une façon de s’ouvrir une tribune nationale,
mais ce n’est pas seulement un coup politique, car c’est un vrai débat. NICOLAS
LEBOURG, HISTORIEN
« C’est un signe d’espoir, envoyé à tous
ceux qui tentent aujourd’hui de maintenir un semblant de vie sociale et
culturelle », a beau jeu de déclarer le maire, qui
assure que les gestes barrières sont respectés, avec dix mètres carrés par
personne, du gel hydroalcoolique et un marquage au sol pour le sens de
circulation. « C’est une façon de s’ouvrir une tribune nationale, mais
ce n’est pas seulement un coup politique, car c’est un vrai débat », analyse
Nicolas Lebourg. L’historien et spécialiste de l’extrême droite observe que
quand on « parle de réouverture de musées, même les opposants à Aliot
vont avoir du mal à crier “le fascisme ne passera pas !” ».
La politique culturelle délétère du Front national
En outre, l’ex-député avait fait de la
culture un levier de sa conquête de la ville en 2020. Son bras droit
durant la campagne, et désormais adjoint au maire, André Bonet, était
l’ex-président du Centre méditerranéen de la littérature. « La culture
a permis de le notabiliser. Il avait exposé durant des mois son envie de
contrebalancer la désindustrialisation de la ville par une intensification de
la politique culturelle. Il a aussi promis de ramener une école d’art à
Perpignan », rappelle Nicolas Lebourg. Louis Aliot tente ainsi de faire
oublier l’épouvantail de la gestion du FN (Front national) des
années 1990.
Car son action cache mal la politique
culturelle délétère du Front national, lorsqu’il était aux affaires, dans les
années 1990, à Toulon, Marignane ou Vitrolles. À peine installés, les maires
commencent par expurger les bibliothèques et font main basse sur la
programmation culturelle. À Toulon, Jean-Marie Le Chevallier faisait raser
plusieurs statues d’art contemporain pour les remplacer par des œuvres exaltant
la « tradition provençale », et impose des livres d’extrême
droite au salon du livre. Tandis qu’à Marignane Rivarol et National
Hebdo remplacent Libération et la
Marseillaise dans les kiosques municipaux.
Dans les 144 engagements
présidentiels de Marine Le Pen en 2017, le mot culture n’apparaît que
quatre fois.
Si Louis Aliot se montre pour l’instant
plus habile à Perpignan, reste à savoir, au-delà de la ruse tactique, ce qu’il
veut réellement faire de la culture dans sa ville. S’agira-t-il de la mettre au
pas ? De la diriger tout droit au service de son projet de société ? Dans cette
ville qui compte déjà une stèle à la gloire de l’OAS et le Centre de
documentation des Français d’Algérie, qui montre une version à sens unique de
la colonisation, le mal a déjà été en partie fait par la droite locale, en
place avant Aliot. Mais le nouveau maire pourrait aller encore plus loin.
Un programme national en quelques lignes floues
Que défend d’ailleurs le RN pour la
culture ? Dans les 144 engagements présidentiels de Marine Le Pen en 2017,
le mot culture n’apparaît que quatre fois. Et encore. S’il s’agit dans deux cas
de « soutenir les petites structures associatives culturelles » et
d’ « inscrire dans la Constitution la défense et la promotion de notre
patrimoine historique et culturel », il s’agit ensuite de « rompre
avec la culture du laxisme » et enfin de supprimer « l’enseignement
des langues et cultures d’origine ». La suite du programme tient en
quelques lignes assez floues : réforme du CSA et du statut des intermittents du
spectacle, ouverture d’un « mécénat populaire » et fin de la
vente à l’étranger des bâtiments nationaux.
Des propositions qui pourront être précisées lors des
prochaines élections régionales. En 2015, Wallerand de Saint-Just, tête de
liste du FN en Île-de-France, disait vouloir faire baisser le budget de la
culture de 35 millions d’euros. « On veut la faire maigrir et la
modifier », expliquait-il. Loin, bien loin, d’une culture libre et
émancipatrice.
Un "sacré" coup de pub pour le RN, et les médias n'ont pas de relayer l'info !!! mais, il est nécessaire de connaitre la politique du RN en ce domaine
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