mardi 12 janvier 2021

« Honneur », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Donald Trump doit rendre des comptes ! Il serait en effet trop facile que l’actuel président des États-Unis puisse terminer son mandat en toute tranquillité après les événements du 6 janvier. Il serait anormal qu’il puisse assister comme si de rien n’était à la prestation de serment de Joe Biden. Il serait scandaleux qu’il puisse recevoir son successeur légitimement élu à la Maison-Blanche comme le veut le protocole. Il serait surtout dangereux pour le futur des États-Unis qu’une tentative de coup d’État de militants pro-Trump, suprémacistes blancs et de néonazis ne soit considérée que comme grotesque et ridicule et n’ait comme conséquence qu’un bannissement des réseaux sociaux. L’invasion du Capitole est l’aboutissement des années passées à soigneusement tordre le sens moral d’une partie des Américains, à remplir leurs esprits de haine, à inventer une « réalité alternative », à nier la vérité, à mentir ouvertement.

Et si c’est le plus vite possible qu’il doit passer devant la justice, c’est dès maintenant que Donald Trump doit être mis hors d’état de nuire. Les quelques jours qui le séparent de la fin de son mandat ne peuvent s’écouler comme si tout était normal. Le stopper est littéralement une question de vie ou de mort. Le président des États-Unis n’est pas seulement responsable des quatre morts qui ont endeuillé la tentative de prise du Capitole. Pour marquer sa différence et continuer de cliver avant de laisser le Bureau ovale à Joe Biden, abolitionniste affiché, Donald Trump déroge à une tradition vieille de 130 ans : celle de stopper les exécutions durant la transition entre deux présidents. Pendant ce temps-là le même Trump va accorder des dizaines de grâces préventives, permettant de protéger les personnes bénéficiaires de toute poursuite intentée pour un crime fédéral qui aurait été commis avant l’octroi de la grâce présidentielle.

Dans ce contexte, le vice-président Mike Pence se grandirait et rendrait son honneur au Parti républicain en activant en urgence le 25e amendement de la Constitution.

 

 

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