Le gouvernement s’est réuni, mercredi, en séminaire
pour entamer la dernière ligne droite du quinquennat. Avec un objectif :
« Montrer que la transformation du pays continue. »
De nouvelles dispositions pour limiter la
circulation du virus sont attendues ce jeudi. Mais, pour entamer la
dernière ligne droite du quinquennat, à l’Élysée l’heure est aussi à braquer
les projecteurs dans une autre direction. « Le mot d’ordre est clair :
la transformation du pays continue », a martelé le porte-parole de
l’exécutif à l’issue d’un séminaire dédié à l’agenda des six prochains mois,
qui a réuni mercredi les 42 membres du gouvernement de Jean Castex. 2021
sera « une année charnière, d’exigence, de volontarisme », a
insisté Gabriel Attal, qui rappelle toutefois que la « gestion de
l’épidémie et la relance de l’économie » ont toute l’attention du
gouvernement. « Travail » et « productivité » figurent
en tête des « quatre grandes priorités » fixées lors de ce
séminaire, avec un plan de relance dont le premier ministre fait le service
après-vente via une série de déplacements en région.
Parmi les réformes sur la table, certaines
sont déjà inscrites au calendrier et ont vocation à conforter l’électorat de
droite, particulièrement cajolé depuis l’été. Au-delà du Beauvau de la
sécurité, qui doit démarrer à la fin du mois, le projet de loi sur les
« séparatismes » – critiqué mardi par les syndicats (lire l’encadré) – devrait
ainsi arriver en séance à l’Assemblée nationale dès début février. La loi
sur la « sécurité globale », contre laquelle une nouvelle mobilisation est
organisée samedi 16 janvier, sera de son côté examinée à partir de mars au
Sénat. Deux textes à double tranchant, comme l’ont rappelé une série de
personnalités en novembre 2020, indiquant dans une tribune ne pas avoir « voté
pour ça ».
La Macronie espère tirer profit de la question climatique
Depuis quelques semaines, la Macronie
s’inquiète donc de sa jambe gauche, qui a fait une part de l’élection de 2017.
Pour tenter de parer à la désaffection, « l’égalité des chances »
– concept libéralo-compatible – devrait s’inviter à l’agenda à grand
renfort de communication. « Des mesures importantes seront présentées
dans les prochaines semaines, à la demande du président de la République », assure
Gabriel Attal. Pour convaincre de la persistance du « en même temps », c’est
aussi sur la question climatique que mise l’exécutif, avec l’examen prévu en
Conseil des ministres, le 10 février, du projet de loi climat, après celui
de la révision constitutionnelle, le 20 janvier. Mais avec de nombreux
membres de la Convention citoyenne qui dénoncent le dévoiement de leurs
travaux, l’opération risque de se révéler laborieuse.
Puisque le temps presse avant la
présidentielle de 2022, le gouvernement entend aussi mettre le paquet sur son
tout nouveau « baromètre des résultats », présenté mercredi
par Amélie de Montchalin. La ministre de la Transformation et de la
fonction publique entamera, dès vendredi, dans les Ardennes, un « tour
de France des résultats » pour « se focaliser sur l’exécution
du dernier kilomètre de nos réformes », explique-t-elle. « Ce
n’est pas un outil pour la présidentielle mais un souffle démocratique », défend
l’entourage du chef de l’État dans le Parisien. Ça y ressemble
pourtant comme deux gouttes d’eau, tant le choix des indicateurs est à la main
de l’exécutif. À l’instar du 100 % affiché par le dédoublement des classes
de CP et de CE1 en REP qui ne dit rien des difficiles conditions de mise en
œuvre.
La réforme des retraites « reste à l’agenda »
Reste aussi à régler le cas de réformes
emblématiques suspendues pour cause de pandémie, alors que le calendrier
parlementaire est déjà bien chargé et mobilisé à chaque automne par les textes
budgétaires. La réforme territoriale pourrait en faire les frais, comme celle
sur la dépendance. Le cas de la réforme des retraites, qui a suscité l’année
dernière une mobilisation historique, a été abordé lors du séminaire sans
arbitrage définitif. « Évidemment, elle reste à l’agenda de ce
quinquennat, dès lors que la situation sanitaire le permettra », évacue
Gabriel Attal. La réforme de l’assurance-chômage, qui pénalisera nombre de
sans-emploi pour réaliser 2,4 milliards d’euros d’économies, doit, elle,
faire l’objet de nouvelles discussions avec les organisations syndicales et
patronales. Mais son entrée en vigueur est maintenue au 1er avril.
Quoi qu’il arrive, c’est donc bien le vœu présidentiel
de ne pas faire du « quoi qu’il en coûte » un « fardeau
pour les générations futures » qui devrait être le fil conducteur de
la fin de quinquennat.
« séparatismes » : les syndicats très critiques
Auditionnés
mercredi 13 janvier à l’Assemble nationale sur le projet de loi contre les
« séparatismes », les syndicats l’ont jugé pour le moins « déséquilibré ». Ses
réponses « peuvent être incomplètes et problématiques », a
ainsi relevé la CFDT, pointant « l’angle réducteur de la vigilanc e
à l’islam radical ». La CGT a dénoncé un texte « fourre-tout » et « globalement
punitif », qui « ne s’attaque pas aux racines du
problème » et « risque de renforcer un sentiment
d’exclusion ». « Il pourrait être perçu, en l’état de sa rédaction, comme
essentiellement répressif, c’est ce qui nous pose problème », a aussi
estimé le représentant de la CFTC.
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