Encore un sondage qui fait couler beaucoup
d’encre. « Le Pen-Macron au coude-à-coude au second tour en 2022 », s’affolent
les réseaux sociaux depuis jeudi. Si les sondages, redoutable outil de
manipulation de l’opinion, peuvent se tromper, ils offrent une photographie
d’un rapport de forces. Cette étude d’Harris Interactive confirme
l’affaiblissement politique d’Emmanuel Macron mais surtout la puissante lame de
fond de grève civique qui submerge notre démocratie. À moins d’un an et demi de
l’élection présidentielle, la mise en scène du remake de 2017 tourne au disque
rayé. Et Emmanuel Macron pourrait bien s’y casser les dents. Conscient qu’il ne
devrait sa réélection qu’à l’épouvantail Le Pen, le président inscrit à
l’agenda politique et médiatique toutes les obsessions de sa meilleure ennemie
d’extrême droite. Cliver toujours plus la société française pour rester au
centre du jeu, telle est la stratégie assumée du locataire de l’Élysée, pompier
pyromane d’une démocratie qui se consume.
Mais les Français ne sont pas dupes. Il y
a quelques mois, une autre enquête, passée inaperçue celle-là, révélait que
80 % des électeurs étaient mécontents de l’offre politique en vue de la
présidentielle de 2022 et rejetaient le duo Macron-Le Pen. Lesquels partagent
en réalité le même objectif de défendre coûte que coûte le capitalisme, au
moment où son inefficacité sociale, économique, écologique saute pourtant aux
yeux du plus grand nombre.
C’est tout le drame de la situation : jamais le besoin
d’alternatives à ce système destructeur n’a été autant d’actualité, et pourtant
les forces de gauche, affaiblies et éclatées, préparent malgré elles le terrain
au duo mortifère. C’est écrit : aucun candidat de gauche ne peut aujourd’hui
prétendre à lui seul représenter une alternative crédible, qui permette
d’inverser la tendance. Pourtant, les ingrédients d’une dynamique de progrès
social sont là, les idées et propositions existent, et les forces militantes
sont disponibles. Rassemblées dans une démarche inventive, elles peuvent encore
éviter le pire, mais surtout accélérer le passage au « monde d’après », celui
de l’Humain et de la planète d’abord.
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