Masques, tests, aides sociales : les
collectivités sont sur tous les fronts pour limiter la propagation du
coronavirus et pour amortir la crise économique.
Faut-il se préparer à une prochaine vague de Covid-19 et dépenser beaucoup
d’argent ? Les collectivités, en première ligne lors du confinement, vont-elles
disposer de suffisamment de tests et de masques si jamais l’épidémie repart à
la hausse ? L’enjeu est de taille : la France observe une légère reprise des
cas de coronavirus. Sur fond de crise économique allant crescendo, les communes
et les départements ont les yeux rivés sur l’évolution des contaminations.
« Nous sommes très prudents et attentifs », affirme Patrice
Leclerc, l’édile (PCF) de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Depuis le
confinement, la ville de 45 000 habitants, l’une des plus pauvres du
département, a constitué un stock de masques suffisant pour protéger la
population en cas de rebond de l’épidémie. « Nous allons redistribuer
200 000 masques en tissu après en avoir donné, gratuitement, 100 000 à la
population, indique le maire communiste. Les personnels municipaux
pourront également continuer de travailler avec des masques protecteurs. » Pour
lui, il ne peut y avoir de masque obligatoire sans gratuité : « Cela
permettrait de protéger tout le monde : plus les gens portent le masque, moins
le risque est élevé de contracter le virus. À Gennevilliers et ailleurs, les
gens n’ont pas les moyens de s’en acheter. »
L’élu des Hauts-de-Seine s’interroge sur la nécessité d’imposer le port de
protection du visage dans l’espace public. Pour limiter la propagation du
virus, plusieurs villes ont décidé d’appliquer cette recommandation sanitaire.
La « fréquentation du mois du juillet a été très forte et nous
craignons un mois d’août encore plus difficile à gérer face à la crise
sanitaire », a justifié la maire (LR) de Biarritz, Maider Arosteguy.
Les édiles plaident aussi pour un dépistage aussi massif et précoce que
possible. Nombreux sont ceux à mettre en place « depuis une semaine des
dispositifs de tests gratuits dans les quartiers au plus près des populations »,
a indiqué François Baroin, le maire (LR) de Troyes (Aube) et président de
l’Association des maires de France (AMF), lors de son audition, le
29 juillet, par la commission d’enquête parlementaire du Sénat. Pour lui,
la lutte contre le coronavirus doit se concentrer davantage sur le
dépistage : « Les tests seront fondamentaux au mois d’août et à la
rentrée scolaire. Notre intime conviction est qu’il faut les généraliser
beaucoup plus, sur tout le territoire et pendant tout l’été. »
Critiquant la stratégie hasardeuse de la France en matière de dépistage,
ballottée entre des injonctions contradictoires et des restrictions
budgétaires, la maire (PS) de la capitale, Anne Hidalgo, plaide elle aussi pour
des tests massifs : « Comment vois-je la rentrée dans une ville comme
Paris ? Sur chaque place du village de nos arrondissements, devant la mairie
d’arrondissement, il y aura un barnum pendant une ou deux semaines d’affilée
avec des tests gratuits pour celles et ceux qui le voudront. » Elle
regrette de ne pas avoir accès aux informations concernant les clusters
parisiens. « Ce sont des données confidentielles », déplore Anne
Hidalgo.
Les acteurs locaux le clament à l’unisson, le gouvernement ne doit pas
répéter les mêmes atermoiements que lors de la première vague de Covid-19.
Citant en exemple la cacophonie autour de la reprise scolaire en juin, le maire
(sans étiquette) de Fercé-sur-Sarthe (Sarthe), Dominique Dhumeaux, également
vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), s’inquiète
de voir un tel scénario se répéter : le ministère de l’Éducation doit vite
donner des consignes sanitaires claires. La question, aujourd’hui, c’est de
savoir dans quelles conditions se passera la rentrée prévue en septembre, alors
que des élèves sont sortis fragilisés de la période du confinement. « Et
que se passera-t-il en cas de reconfinement du département ? » interroge
l’édile, dont le village de 600 âmes se situe près de la Mayenne, où
l’épidémie flambe.
Convaincus également que la crise économique va monter en puissance, des
maires se mettent déjà à gamberger sur des dispositifs de soutien consacrés aux
plus fragiles. « La priorité, c’est de revoir les dispositifs d’aide
alimentaire, mais également de paiement des factures et la fin des expulsions,
estime la maire (PCF) de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), Charlotte
Blandiot-Faride. Il va falloir soutenir les personnes licenciées : nous
risquons d’être touchés par les suppressions de postes chez Air France, puisque
nombreux sont les administrés à travailler au sein de la zone aéroportuaire de
Roissy. » Elle redoute de voir les services de la ville en surchauffe
face à l’afflux des demandes. Devant les sénateurs, en avril, le président
(divers droite) de l’Assemblée des départements de France (ADF), Dominique
Bussereau, prévoyait déjà « une hausse logique (du nombre des
bénéficiaires) du RSA, de nombreuses personnes risquant de se retrouver au
chômage ». L’impact de la crise économique va être lourd à porter pour
les collectivités, déjà asphyxiées par les baisses de dotations et les surcoûts
liés au Covid-19.
Lola Ruscio
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