Les moyens publics
déversés sans contrôle ni contrepartie de leur usage sont détournés des nobles
objectifs proclamés au profit d’un racket organisé. Les premières bénéficiaires
de la garantie d’État sont en réalité les banques, délestées du risque de
prêter, qui est pourtant leur métier, mais empochant les intérêts – et l'’argent du contribuable en cas d’impayés.
Sur ce sujet, au moins, on pensait pouvoir les croire sur parole. Quand il
s’agit d’ouvrir grand le robinet d’argent public pour venir en soutien des
entreprises, nos gouvernants se font moins prier que pour investir dans les
services publics. Alors, à l’annonce du déblocage par l’État de
300 milliards d’euros en garantie des prêts bancaires, on se disait que
ces fonds-là – qui ne sont rien d’autre, rappelons-le, que le bien de
tous – arriveraient plus sûrement à destination que le grand « plan »
promis à l’hôpital. Et, après tout, si c’est pour la bonne cause, si cet argent
permet d’éviter les faillites et la mise sur le carreau de millions de
travailleurs de petites entreprises prises à la gorge par l’arrêt brutal de
l’activité imposé par ce maudit virus, à quoi bon verser dans les
« chamailleries » ?
Sauf que, sur ce dossier comme tant d’autres, le gouvernement pratique
l’art de l’enfumage. 12 % des demandes de TPE-PME sont refusées dont la
moitié sans examen par les banques, malgré la garantie de l’État qui endosse
tous les risques à leur place. Très au-dessus des 2,5 % de rejets mis en
avant par Bercy. Derrière les 50 milliards d’euros de prêts accordés à ce
jour, il y a donc une cohorte invisible d’artisans, de petits patrons et de
salariés abandonnés à la violence de la crise.
Une nouvelle fois, les
moyens publics déversés sans contrôle ni contrepartie de leur usage sont détournés
des nobles objectifs proclamés au profit d’un racket organisé. Les premières
bénéficiaires de la garantie d’État sont en réalité les banques, délestées du
risque de prêter, qui est pourtant leur métier, mais empochant les intérêts
– et l’argent du contribuable en cas d’impayés. La Banque centrale
européenne, auprès de laquelle elles se financent, continue de leur faire crédit
sans aucun critère qui permettrait de flécher l’argent vers l’emploi. Et,
pendant que les PME souffrent, l’État met la main à la poche pour recapitaliser
de grands groupes sous forme de prêts.
Or, si pour Air France
ou Renault l’argent afflue, la logique est la même : pas question de monter au
capital et de peser dans les décisions. Ce choix laisse ainsi intact le pouvoir
des actionnaires, comme il laisse celui des banques décider du sort des PME.
Dans les deux cas, ce sont les salariés qui trinquent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire