jeudi 23 avril 2020

« Des lits », le billet d’humeur de Christophe Prudhomme




Alors que la première vague commence à refluer, l'urgence est de reprendre l'activité normale dans nos services afin d'accueillir les patients qui ont vu leur prise en charge reportée du fait de l'épidémie.
Oui, mais à l'instar du directeur général de l'ARS du Grand-Est qui a énoncé clairement que rien n'avait changé au niveau des opérations de restructurations hospitalières et de plans de retour à l'équilibre, la plupart des directions hospitalières n'ont pas changé d'objectifs. La crise semble être pour eux une simple parenthèse qu'il va falloir refermer sans que soient remise en cause la politique poursuivie depuis 20 ans de diminution du nombre de lits, de fermetures de services et d'hôpitaux.

Nos collègues des hôpitaux psychiatriques, comme celui du Vinatier à Lyon, en font brutalement l'expérience ces jours-ci. Les services fermés ou transformés en structures d'accueil pour les patients atteints par la maladie COVID-19 ne retrouveront pas leur mission d'origine et les capacités d'accueil de l'établissement vont s'en trouver amputées.
Heureusement, en lutte avant la crise, ils ne baissent pas les bras et malgré le confinement, ils ont manifesté ces derniers jours dans l'enceinte de l'hôpital pour exprimer leur refus du retour au "monde d'avant".

Depuis des années, nous protestons contre le défaut de moyens du secteur psychiatrique et la crise actuelle va encore augmenter les besoins, Les urgentistes le dénoncent crûment : faute de prise en charge, une bonne partie des patients présentant des troubles psychiatriques sont abandonnés dans la rue ou en prison. Le plan d'urgence pour la psychiatrie est encore plus d'actualité aujourd'hui qu'hier.
La psychiatrie n'est pas le seul secteur touché. Les arguments avancés sont toujours les mêmes : faute de personnels, il n'est pas possible de rouvrir tous les lits. Nous connaissons la chanson: les services fermés soi-disant temporairement le restent trop souvent définitivement.

C'est la raison pour laquelle, ,nous demandons un véritable plan d'urgence d'embauche et de formation de personnels, toutes catégories confondues; En ce qui concerne les médecins dont la pénurie est souvent l'argument pour fermer des structures, il existe deux solutions immédiates au-delà de l'augmentation du nombre de médecins en formation dont les effets sont à objectif de 10 ans : une régulation de l'installation des médecins tant en ville qu'à l'hôpital pour une meilleure répartition sur le territoire et l'appel à des médecins étrangers dans le cadre d'un appel d'offre international auquel certains pays dont Cuba sont capables de répondre.
Dr Christophe Prudhomme


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