On dira sans doute que comparaison n’est pas raison. Pourtant quelques chiffres
interrogent. Pour un nombre de cas du coronavirus identique dans les deux pays, en Allemagne on compte 3000 morts, et 15 000 en France. Le nombre d’habitants
s’élève à 80 millions en Allemagne et 67 millions en France. Notons que la population
est vieillissante en Allemagne, ce qui devrait être un phénomène aggravant dans la mortalité liée au virus. levons tout de suite une ambiguïté, si elle devait
exister. Dans ces deux pays ce sont les logiques du capital et du profit qui
sont à l’œuvre. Pourtant, il est nécessaire de s’y attarder un instant.
DEUX
STRATÉGIES SANITAIRES DIFFÉRENTES
En
Allemagne, le pays a commencé très tôt à faire tester ses habitants. Dès la
mi-janvier, en Bavière, une politique massive de dépistage a été mise en place.
Le pays s’est appuyé pour cela sur les laboratoires disséminés sur le
territoire. Dans un premier temps, chaque semaine 300 000 à 500 000
personnes sont testées. Et le gouvernement ne s’est pas arrêté là. Sa stratégie
prescrite a été de réaliser pas moins de
200 000 tests par jour. « N’importe qui testé positif se retrouvait
strictement confiné ». En France, le 24 mars, le ministre de la Santé et
des Solidarités, Olivier VERAN, affirmait vouloir parvenir à 30 000 tests quotidiens.
Puis, disait-il ce chiffre devrait être porté à 50 000 fin avril,
60 000 en mai et 100 000 en juin. Soyons clairs : « Le
dé-confinement est inenvisageable sans un dépistage MASSIF. Les propos tenus
hier par le président de la République sont, de ce point de vue, loin d’être
rassurants.
Par
ailleurs, jamais les hôpitaux allemands ne se sont trouvés saturés. À tel
point, que plusieurs dizaines de malades de la région Grand Est ont été
transférées vers les hôpitaux des régions frontalières. En Allemagne, 25 000
lits sont équipés d’une assistance respiratoire, soit 6 lits pour mille
habitants. La
France, quant à elle, compte 3 lits pour mille
habitants. Et est-ce étonnant de constater que l’Italie en compte 2,6 pour
mille habitants, 2,4 pour l’Espagne et les États-Unis et 2,1 pour le
Royaume-Uni. Quant au financement de la recherche et du développement en
France, il est risible par rapport à l’Allemagne. Bien entendu, il convient de
ne pas en rester au constat, et tenter d’en comprendre les raisons.
Les
raisons sont nombreuses, mais il en est une essentielle. Ces trente dernières
années toutes les politiques menées ont contribué à laminer l’industrie
française, dont la part dans l’économie du pays a fondu de moitié depuis 1970.
Près de 1,5 millions d’emplois ont été détruits au cours des 25 dernières
années. La crise actuelle souligne la perte de souveraineté dans des secteurs
aussi décisifs que la santé. Pendant qu’en Allemagne, l’industriel BOSCH a su
développer un test ultra rapide, que les fabricants de respirateurs Draeger et
Löwenstein ont tourné à plein régime, multipliant par deux leurs capacités de
production, accompagnant même la demande venant d’Asie, notre pays a tenté de
faire face avec les moyens du bord. L’industrie, c’est en effet, la grande question,
le grand enjeu auquel notre pays doit faire face. Cela implique évidemment de
rompre totalement avec les politiques actuelles. C’est un fait, contrairement à
la France, l’Allemagne a su préserver une certaine indépendance industrielle.
Et
voici, en pleine crise, Emmanuel Macron, déclarant à Angers : « nous
devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne ». Mais les mots
seront bien insuffisants pour rebâtir une stratégie industrielle. D’autant que
ces trois dernières années, il s’est inscrit dans le droit fil des politiques
de ses prédécesseurs (Cice, baisse des cotisations des grandes entreprises,
réduction de l’impôt sur les sociétés), tout en les encourageant à conquérir de
nouvelles parts de marchés à l’international. Ce revirement dans son langage ne
fera pas oublier son choix de se désengager du capital d’industries
stratégiques, comme Alstom ou Aéroports De Paris (ADP). Le temps est venu de
définir les filières stratégiques et les secteurs sur lesquels l’investissement
public doit porter, en un mot de changer résolument de cap. Il y a là un combat
essentiel à engager. La soudaine métamorphose d’Emmanuel Macron « en
ennemi de la finance mondialisée » ne restera que des mots, sans l’intervention
consciente du monde du travail et de la création.
Excellent cet article qui remet les choses en place. il y a d'autres dimensions, entre autre la part consacrée à la recherche et développement en Allemagne et qui a des implications sur son appareil industriel.La part de l'industrie,en Allemagne , pour le PID est d'environ 23 % alors qu'ici,il est de 11%. De l'OCDE,nous sommes dépassés, dans le mauvais sens, par Chypre, Malte,la Grèce et à égalité avec le Royaume-Uni...
RépondreSupprimerPour les chiffres qui diffèrent des vôtres, je me réfère de mémoire à 2018. De toute manière l'écart indiqué dans votre graphique est révélateur.
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