Dans l’incertitude, l’exécutif balbutie en cette
rentrée et continue d’expérimenter, après presque un an de vie sous Covid.
Confinement strict, couvre-feu à
21 heures puis à 20 heures, voire à 18 heures, confinement
allégé, puis reconfinement uniquement les week-ends en Guyane… Le gouvernement
aura expérimenté divers dispositifs contraignants depuis le mois de mars contre
l’épidémie. De quoi donner la sensation de tâtonner et de jouer à l’apprenti
sorcier en matière de limitation des libertés publiques, sans jamais s’arrêter
sur une seule formule.
Force est aussi de constater que, après
plus de neuf mois marqués du sceau de la pandémie, l’incertitude scientifique
reste grande du fait de l’apparition de variants du virus, potentiellement plus
contagieux et plus violents dans la gradation des symptômes. Le variant
britannique représente ainsi 1 % des cas en métropole, tandis que la souche
sud-africaine inquiète en particulier La Réunion et Mayotte, où les premiers
vaccins tardent à arriver. La « frontière » avec Johannesburg doit être durcie
pour ces territoires, a annoncé le ministère des Outre-Mer.
Des sondages contradictoires sur le reconfinement
Les autorités jonglent également avec la
délicate question de l’acceptabilité de ces mesures par les Français. Et les
sondages n’aident pas vraiment. S’ils ne sauraient de toute façon pas
constituer un outil fiable de gouvernement, la multiplication d’études
d’opinion contradictoires rend difficilement lisible le rapport réel des
Français avec ces mesures. Ainsi, ce jeudi, un sondage Ifop pour CNews et Sud
Radio nous a appris que 57 % des Français sont contre un reconfinement strict
et 55 % contre un confinement, même allégé. La veille, BFMTV publiait une
enquête affirmant le contraire : 62 % des Français supporteraient un
troisième confinement, selon un sondage Elabe, et, à choisir, 52 % d’entre eux
préféreraient un reconfinement à un couvre-feu avancé à 18 heures. Quant
au nombre d’amendes distribuées, ce n’est pas une donnée plus solide pour
évaluer le respect des règles, tant elle dépend du nombre de policiers déployés
dans tel territoire et du zèle de chaque agent dans la distribution des
sanctions.
Restent les retours d’expérience des
précédentes mesures. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, assume que le
gouvernement soit dans une « démarche empirique » avec le
couvre-feu : « Est-ce que ça marche ou pas, on verra. Ce que je sais,
c’est que dans tous les départements qui ont adapté cette mesure, avec dix
jours de recul, on a une augmentation du taux d’incidence de 16 %, quand
les autres ont une augmentation de 43 %. » Une décrue du taux
d’incidence, qui s’appuie sur des études de Santé publique France (SPF),
réalisées durant les couvre-feux d’automne. Les résultats sont aussi
significatifs pour les confinements, même si SPF note une augmentation des
états dépressifs ou anxieux durant ces périodes d’isolement social.
Qu’en est-il de la réception des variations
stratégiques de l’exécutif ? Ces différentes mesures illustrent l’évolution des
arbitrages et des rapports de forces entre ministères dans un contexte
brouillé. Le gouvernement doit constamment soupeser la nécessité de sauver des
vies avec celle de sauvegarder des emplois. Quitte à sacrifier, au mépris de la
cohérence pourtant essentielle pour conserver la confiance des citoyens, des
secteurs entiers comme la culture, pourtant importante pourvoyeuse d’emplois,
pour privilégier la grande distribution et l’industrie.
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